Inouï Danica : le plus brillant descendant d’Une de Mai, « la richissime »
(Photo Scoop Dyga)

Inouï Danica : le plus brillant descendant d’Une de Mai, « la richissime »

Dans la phase préparatoire au Saint-Léger des Trotteurs et au Prix d’Essai, il effectuait ses débuts sous la selle dans le Prix Hémine rebaptisé Etrier Summer Races 3 Ans – Qualif 3, épreuve offrant parmi d’autres des tickets d’accès directs aux premiers Classiques monté ouverts à la jeune génération. Un coup d’essai qui s’est transformé en coup de maître pour Inouï Danica.

Dauphin de In The Money, le futur lauréat du Critérium des Jeunes, dans le Prix Maurice de Gheest mi-janvier, puis troisième du Prix Paul Viel enlevé par Italiano Vero devant Invincible Cash début février, Inouï Danica ne faisait, pour son apparition avec l’homme sur le dos, que figure de meilleur outsider face à son compagnon de boxes Ici C’est Paris, premier leader de la promotion dans la spécialité, et à la douée mais parfois indocile Idéale du Chêne, comme le précité déjà à l’honneur au niveau Groupe. Et si le mâle favori ne s’est visiblement pas montré sous son meilleur jour, la pouliche préférée des turfistes a elle réalisé une grande valeur. Cependant, dès le dernier tournant, elle a dû admettre la suprématie du cheval défendant les couleurs de l’Écurie Spirit. Ainsi, aux avant-postes dès la descente de la grande piste en compagnie de ses deux rivaux susnommés, le futur vainqueur a dirigé les opérations à sa guise, flanqué de la femelle dont il a contré aisément une attaque en haut de la montée. Puis il a fié vers un très net succès, réalisant en fait une véritable démonstration de force et apportant, sous la selle d’Éric Raffin, une neuvième victoire à son mentor, Philippe Allaire, dans le Prix Hémine.

Inouï Danica appartient à la troisième promotion délivrée par Boccador de Simm, un gagnant de Groupe I, le Prix Albert Viel en l’occurrence. Et ce au sein d’une génération très haut de gamme. Fils du regretté Rieussec, né de l’union des sangs de Goetmals Wood et de Coktail Jet, Boccador de Simm a pour mère une fille du remarquable géniteur Hêtre Vert issue de la grande souche Viel de Reine Charmeuse, jument dont le nom est inscrit au palmarès des Prix de Vincennes, du Président de la République et des Centaures et dont la descendance s’est encore brillamment illustrée en 2020 via la triple lauréate de Groupe I au monté Flamme du Goutier. Et concernant l’auteur du héros de cette chronique, il faut encore souligner qu’il est, chaque automne, l’un des étalons les plus prisés sur le marché caennais. À juste titre puisque, outre Inouï Danica, parmi ses autres rejetons passés sur le ring calvadosien les automnes précédents, on peut citer les bons voire très bons compétiteurs que sont Gai Printemps, Galactique Mérité, Gendréen, Gump du Poncelet, et notamment chez les actuels 4 ans, les deux uniques foals qui étaient recensés sous sa paternité au catalogue 2017 : Hollywood Night, placée de Groupe III, et bien sûr Hytte du Terroir, gagnante de Groupe II figurant elle aussi dans notre rubrique « Profils archivés ».

Quant au papier de la mère d’Inouï Danica, Sellina Blue, il regorge aussi d’arguments. Ainsi, cette jument, inbred à cinq rangs sur les grands reproducteurs Quioco (Critérium des 4 Ans, Prix de Vincennes, des Centaures et des Élites) et Pacha Grandchamp (Prix de Vincennes), est issue des œuvres d’Imoko, l’auteur chacun le sait du crack Timoko, et de Loyale, fille du placé de Groupe I en Italie et très bien né Extrême Aunou, fruit du mariage de l’américain Baltic Speed (Speedy Somolli) et de l’immense matrone Nesmile, génitrice entre autres également du trio Amour d’Aunou (aïeule du top étalon international Love You)-Buvetier d’AunouDéfi d’Aunou.

Et quid de la souche maternelle à laquelle se rattache Inouï Danica ? Il s’agit de celle de Fleur de Mai (1927), une descendante de la fameuse La Pettevinière (famille de Bursardine) dont le nom marque aussi le pedigree de la championne Fan Idole, et qui n’est autre que la quatrième mère d’Une de Mai, compétitrice hors normes sous la férule de Jean-René Gougeon, que l’on découvre au cinquième rang du tableau généalogique de notre talentueux jeune trotteur. Mais qui, après avoir avorté de jumeaux du crack américain Nevele Pride, puis être resté vide deux saisons de suite, n’a laissé qu’un produit, May Flower, laquelle se retrouva, le 31 mars 1978, orpheline seulement quelques semaines après sa naissance. Fille de Quioco, May Flower ne procréa également qu’un unique sujet, là encore une femelle, nommée Reine de Mai, à la base entre autres des vainqueurs parisiens Bleu de Mai et Lucullus, mais aussi de deux juments qui ont joliment transmis leur précieux potentiel génétique : Gazelle et Joie de Mai. Et si la cadette a laissé notamment la gagnante de Groupe III Polenska, mère du duo BarakaEnska, juments de qualité vues à leur avantage sur le plateau de Gravelle, l’aînée, fille du lauréat de Groupe II sous la selle And Arifant (sur lequel Inouï Danica est d’ailleurs inbred 4×4), s’est distinguée en deux voire trois temps. D’abord en direct avec Métro de Prélong et Saga de Prélong, dont les gains ont dépassé respectivement les 200 000 et 140 000 euros. Puis à travers une autre fille, Loyale, laquelle signa Toque de Mai, devenue la mère de Engala de Lou (127 K€), et Un de Mai (12 victoires, dont 3 à Paris, et 305 870 € à son actif) après avoir signé Sellina Blue. Une Sellina Blue qualifiée 1’20’’5 à Caen en août de ses 2 ans, n’ayant pas couru cependant, mais qui se recommande aujourd’hui comme la génitrice d’Inouï Danica, élément s’affichant désormais comme le plus brillant descendant de la « globe-trotteuse » Une de Mai, dénichée par feu Pierre-Désiré Allaire, le père de…  Philippe, qui en revendit la moitié au Comte Pierre de Montesson. Lequel n’eut pas à regretter son acquisition pour 400 000 francs, la fille de Kerjacques, surnommée « la richissime », se retirant de la compétition à 10 ans avec 8 918 977 francs de gains. Un véritable pactole ! Et pour cause, trente-trois Groupes I en Europe et quatre glorieux titres aux États-Unis ornaient son palmarès à l’attelage. Tandis qu’elle avait aussi fait sien le Prix de Vincennes, prouvant ainsi une aptitude au monté qui s’ajoute aux autres références de la spécialité jalonnant le pedigree d’Inouï Danica.