HISTORIQUE
Les Ventes de Caen sont organisées par l’Association des Éleveurs Normands, sous l’égide de la Société du Cheval Anglo-Normand.
Le siège est basé à Caen, fief historique du trot dans l’Hexagone, du fait notamment de la situation géographique de la ville.
Premières courses au trot à La Prairie
Les premières courses au trot à La Prairie, organisées par la Société Royale d'Agriculture et de Commerce de Caen, eurent lieu les 26 et 27 août 1837. Soit l'année suivant la fameuse première réunion officielle mise sur pied par Ephrem Houel sur la grève de Collignon, à Tourlaville, aux portes de Cherbourg. Mais cette manifestation cotentinoise ne perdura pas, les épreuves, réduites à des confrontations purement locales, ayant disparu en 1849. Concernant la réunion inaugurale caennaise, « le programme, doté de 3 000 francs accordés par le Gouvernement, comportait, selon le journal Le Pilote, sept courses de trot pour hongres et juments nés en Normandie, quatre au monté et trois à l'attelé, et se clôturait par une épreuve de galop. La circonférence de la piste, d'une longueur de 2 kilomètres et de 14 mètres de large, était matérialisée par des pieux tandis que deux tribunes avaient été édifiées du côté de la rivière L'Orne, l'une pour le jury, l'autre pour les spectateurs ».
Fondation de la Société du Cheval Anglo-Normand
Créateur, en 1882, à Mondeville, dans la banlieue de Caen, d'un petit élevage de trotteurs au haras du Vast, Albert Viel fonde en 1909 à Argences, en compagnie de quelques homologues, parmi lesquels Auguste Andrieu et Auguste Bézière, la « Société du Cheval Anglo-Normand ».
L'excellent cavalier, passionné et auteur d'écrits parus dans le « Sport Universel Illustré » puis rassemblés dans un recueil intitulé « Le Trotteur Français », décède en 1938. Son fils, Paul, reconnu comme un des plus habiles drivers de son époque, prend alors la relève à la tête de l'« Anglo » qu'il dirigera jusqu'à sa disparition, à l'âge de 93 ans.
"Monsieur Albert » prend les rênes
Nous sommes en 1975 et c'est le fils de Paul Viel, Albert, élu l'année précédente à la présidence du Cheval Français, la société-mère du Trot, qui prend à son tour les rênes de l'association normande. Parallèlement à la réussite de son écurie qui affichera un des plus riches palmarès du dernier quart du XXe siècle, il mène activement le développement de la filière Trot. Du côté de Caen, il projette la création, sous l'égide de la Société du Cheval Anglo-Normand, de l'Association des Éleveurs Normands dont l'objet sera l'organisation de ventes aux enchères publiques dans les structures de l'hippodrome préfectoral, dans le but de développer un courant commercial pour les « petits » éleveurs.
Création de l'Association des Éleveurs Normands et première à succès
En 1986, l'A.E.N est constituée et Maurice de Folleville « bombardé » président. Un président qui ne ménagera pas sa peine pour assurer l'audience de la nouvelle entité, avec le concours de deux vice-présidents, Thierry Andrieu et Philippe Henry, et d'une secrétaire dévouée à sa tâche, Monette Lemelletier. Une première vacation est programmée. Les éleveurs-vendeurs apprécient l'initiative. Pour preuve, dès leur ouverture, les inscriptions se multiplient. Le premier catalogue des Ventes de Caen aura fière allure.
Une première vacation à succès et une perle cachée
À l'automne 1986, le jeudi 30 octobre très exactement, 88 sujets montent sur le ring dressé à La Prairie, devant une assistance évaluée à environ 600 personnes. Mais si les comptes rendus journalistiques de l'événement, dont le chiffre d'affaires avoisine le million de francs, titrent sur le très beau succès global de la journée et le top price (150 000 F) réalisé par la poulinière Île Enchantée, c'est l'adjudication d'un foal que l'Histoire retiendra plus tard. Présenté par Michel Casrouge, il a fait tomber le marteau du commissaire-priseur pour la modique somme de 6 000 F. Sous les couleurs de son acquéreur Michel Lemoine, Ursulo de Crouay (Photo ci-dessus), puisqu'il s'agit de lui, remportera respectivement sept et douze épreuves aujourd'hui classifiées Groupe I et Groupe II. Et thésaurisera un capital-gains s'élevant à de près de 11 MF, soit plus de 1,67 M€. Une publicité vivante !
De nouveaux achats avisés
En tout cas, la réussite de la vacation inaugurale incite le bureau de l'association à mettre sur pied, dès 1987, quatre rendez-vous commerciaux. Deux se déroulent au printemps et deux à l'automne. Et de là encore émergeront de nouveaux achats avisés.Tout particulièrement ceux de la jument Night Flower (vendue 100 000 F), laquelle deviendra la génitrice de Hutin Tébé (Photo ci-dessus) (Prix de Cornulier 2002), et du yearling Un Beau Brun (11 000 F), futur vainqueur au niveau semi-classique et 3e du Prix des Centaures.
Franchissement de la barre des 500 yearlings
Si reproductrices, foals et yearlings se partagent la vedette pendant encore plusieurs saisons, les sujets en âge d'être débourrés occupent de plus en plus de pages dans les catalogues au début des années 90. En 1994, ils constituent plus de 50% des éléments présentés lors de deux journées de printemps tandis que trois dates leur sont quasi-exclusivement réservées à l'automne où foals (en nombre croissant également) et autres catégories occupent les sixième et septième rendez-vous annuels. Des rendez-vous qui repasseront à six de 1996 à 1999, puis à cinq les années suivantes, en raison de la tenue d'une unique journée au premier semestre.
Avant qu'une nouvelle progression intervienne au cours de la première décennie du siècle nouveau. Ainsi, en 2003 sont programmés six rendez-vous, puis sept en 2005. Les yearlings y sont désormais largement majoritaires et en 2009 leur est réservée une cinquième journée du fait du franchissement, pour la première fois, de la barre des 500 numéros âgés d'environ 18 mois.
Une top liste enrichie
Corrélativement à l'accroissement de l'offre, l'avènement de talents classiques va s'accélérer. Ainsi, Nancy Menuet, triomphatrice dans le Prix de Vincennes, et sa conscrite Nouba du Saptel, dauphine de Meaulnes du Corta dans le Prix d'Amérique 2009 avant de s'adjuger le Prix de l'Atlantique, ouvrent une belle série qu'intègrent les hongres Quémeu d'Écublei, gagnant entre autres de huit Groupes II, et Rapide Lebel (Photo ci-dessus), victorieux à vingt-deux reprises en France et quatre fois couronné au top niveau à l'étranger où il s'est aussi classé 2e de l'Elitloppet.
Activité concentrée sur l'arrière-saison et encore amplifiée
Le marché national du trotteur évolue considérablement et, en 2010, l'activité est désormais concentrée sur l'arrière-saison. Avec d'abord sept journées, puis huit à compter de 2013 où six vacations sont dédiées aux 651 yearlings inscrits ! Univers de Pan, primé en dehors de nos frontières (Finlandia Ajo) et redoutable à l'intérieur (Grand Critérium de Vitesse de Cagnes, 2e du Grand Prix de France...), ajoute son nom à la liste des ténors caennais qu'enrichissent aussi notamment les Valdice de Mars (Prix des Centaures), Almira Marancourt (Saint-Léger des Trotteurs), Black d'Avril (Prix de l'Étoile), Carlos des Caux (Prix d'Essai), Dragon du Fresne (Photo ci-dessus) (Prix d'Essai et de Vincennes) et plus récemment les lauréats, pour l'heure, de Groupes II que sont l'impressionnant hongre Cleangame et ses cadets Éclipse Danica et Général du Parc [voir l'onglet « Nos Tops Références »]. Parallèlement, l'essor de la place calvadosienne, managée depuis 2012 (année du décès de Maurice de Folleville) par Philippe Henry qu'épaulent Thierry Andrieu et Jean-Pierre Viel (successeur en 1997 de son défunt père à la tête de l'Anglo-Normand), s'amplifie encore. Pour preuve, en 2018, ce sont très exactement 767 pages de catalogue qu'occupent les seuls yearlings. D'où un calendrier pourvu de neuf dates ! Une abondance toutefois difficile à digérer par le marché, si bien que, pour la saison 2019, les organisateurs décident de revenir à huit rendez-vous, dont un, unique, regroupant foals, poulinières et parts d'étalons, les chevaux à l'entraînement ne fréquentant plus le ring caennais depuis plusieurs années.