Début novembre, c’est de la plus belle des manières qu’a débuté pour nos ventes le meeting d’hiver de Vincennes 2023 – 2024 avec le magnifique tir groupé réalisé à l’arrivée du Prix Louis Tillaye, Groupe 2 enlevé par Kapaula de l’Épine devant Karla de Mai et Kyrielle des Vaux, passées, à l’image de la lauréate, sur notre ring caennais.
Mais si ses deux dauphines furent adjugées au tomber du marteau, Kapaula de l’Épine fut elle d’abord reprise par son vendeur pour 1100 euros avant d’être négociée à l’amiable dans la cour des boxes.
La première victoire de Kapaula de l’Épine, son entourage doit attendre la seizième tentative de la pouliche pour la savourer, mais, signée en tambour major à l’attelage au début avril de ses 3 ans, elle a pour cadre l’hippodrome de… Vincennes. Présentée dans la foulée sous la selle face aux meilleures femelles de sa promotion à l’occasion du Prix Hémine, elle y assure le train avant d’être débordée par la future lauréate (une certaine… Kyrielle des Vaux), puis de se désunir dans l’ultime courbe alors qu’une place lui parait encore acquise. Seulement dominée à la lutte lors de sortie suivante, elle confirme son aptitude à porter l’homme, fin mai, en tant que dauphine, dans le Prix Serpentis (Gr. 3), de Kaya Dream, rivale l’ayant pistée au moment de son accélération. A nouveau indisciplinée fin juin dans le Prix d’Essai, comme elle le sera encore notamment en octobre dans le Saint-Léger des Trotteurs, la susceptible jeune trotteuse (quatorze disqualifications en vingt-sept sorties) montre son meilleur visage à l’occasion de son succès dans le Prix Louis Tillaye qui lui vaut donc d’être l’objet de cette chronique. Un premier succès de prestige acquis en force et avec une très belle autorité.
Mais quid de l’origine de cette impétueuse mais douée demoiselle propriété de Christine Sanchez et exploitée par Jérémy-Gaston Van Eeckhaute dont elle défend la casaque ?
Elle est issue de Paula Jim, vue onze fois en piste et lauréate à Cabourg et placée à Vincennes, et possédant un papier dévoilant de multiples références, notamment dans la spécialité du monté. Ainsi, elle est née de l’union de Cygnus d’Odysssée (Critérium des 4 Ans, Prix de Sélection, 3ème du « Cornulier), par Workaholic et Nymphe d’Odyssée (lauréate semi-classique sous la selle), et d’une sœur utérine, par Rêve d’Udon (11 Groupes 1 dont Prix de Cornulier et du Président de la République, International Trot) et une descendante de Gazon (Prix du « Président »), du classique monté Rombaldi (Prix du « Président » et de Normandie). Nous sommes là au cœur de la fameuse souche de Dourga II, creuset d’où également ressortent entre autres les champions Rangone (Critérium Continental, Grand Prix de l’UET), Dream With Me (Prix de Cornulier – 2 fois, Prix de Paris), Giesolo de Lou (Circuit Européen), l’italien Daguet Rapide (Grand Prix de l’UET), Oyonnax (Prix d’Amérique) et le danois Écurie D (Championnat Européen des 3 Ans et 4 succès haut de gamme aux États-Unis), mais aussi le semi-classique Indy de Vive, le père du phénoménal Ready Cash.
Une Paula Jim dont, par ailleurs, l’histoire, contée par Hubert Sorieux, l’éleveur de Kapaula de l’Épine, dans l’hebdomadaire Province Courses, mérite d’être reprise ici pour mieux cerner le profil génétique de notre gagnante semi-classique. Ainsi, le Breton s’exprime en ces termes concernant l’achat de Paula Jim et le chemin vers la place caennaise emprunté par sa fille née des œuvres du jeune sire vainqueur classique Discours Joyeux (Prix de Sélection), un fils de l’influent Goetmals Wood et de la placée classique Quelle Copine (2ème du Prix du Président de la République) : « J’avais répondu à une annonce sur internet et j’étais allé la voir au Haras des Bassières, où elle était stationnée, chez M. Ducatel, dans l’Orne. C’était une très belle poulinière, avec de la taille. Elle était 1re catégorie et avait la prime de sélection. Elle était gagnante, à Cabourg, et placée à Vincennes. Son pedigree plaidait, en outre, pour elle. C’est cet ensemble qui m’a décidé à l’acheter même si sa production, jusqu’alors, ne sortait pas de l’ordinaire. Je n’ai d’ailleurs pas été heureux avec elle dans les premiers temps. Kapaula de l’Épine est, ainsi, son quatrième produit pour moi, mais c’est son premier vainqueur. En fait, le test Équibiogènes m’a révélé qu’elle était dans les rangs des chevaux qui n’ont pas une aptitude naturelle à trotter et qu’il fallait donc, pour corriger le tir, la présenter à des étalons ayant cette aptitude et étant enclins à la transmettre. Discours Joyeux, le père de « Kapaula », est de ceux-là, raison pour laquelle je l’ai choisi, d’autant que le cheval faisait la monte tout près de chez moi et que son propriétaire, Jean-Yves Rozé, m’avait fait un contrat d’option d’achat sur le produit. L’option n’a pas été levée et j’ai pu disposer de la pouliche, qui est, de la sorte, allée aux ventes de Caen. »