En enlevant, mi-août, le Prix Abel Bassigny, première épreuve qualificative conduisant les mâles de 3 ans vers le Critérium rassemblant la crème de la génération, Mystic Sonato a brillamment intégré le cercle des tops performeurs issus de nos vacations caennaises. Et ce en étant accompagné sur la deuxième marche du podium par Mat Manathis, lequel avait fait sien, fin mai, le Prix Kalmia.   

Qualifié 1’18’’9 à Caen le 14 mai 2024, Mystic Sonato termine 2^e lors de ses débuts aux Sables-d’Olonne en août, avec à son sulky son premier entraîneur, Antoine de Vaugiraud. Rapidement, ce poulain défendant les couleurs de Tanguy de la Bourdonnaye confirme sa qualité en région parisienne, s’imposant à Enghien, drivé, comme il le sera toujours par la suite, par Franck Nivard, l’un de ses neuf copropriétaires. Ce avant d’obtenir un premier accessit et de remporter un nouveau succès lors du meeting d’hiver vincennois, preuve de son talent grandissant. Passé sous la férule de Thierry Duvaldestin, il s’octroie au printemps la cinquième allocation du Prix Kalmia, puis à l’entame de l’été la sixième du Prix Albert Viel avant de fournir un plaisant rush à Enghien dans le Groupe 3 Prix de Rome, terminant à 3/100 de seconde du vainqueur, l’allemand Fragolino Rosso. Un Fragolino Rosso déjà titulaire de quatre succès et d’un second accessit, à Solvalla, dans la Breeders Course 3 years old Cold and Geldings, seulement devancé dans ce Groupe 1 par Wise Guy, un suédois fils de… Face Time Bourbon de nouveau sacré fin juin dans le E3 Final à Eskilstuna, et par Ginostrabliggi, l’excellent « Philippe Allaire italien » au palmarès alors déjà riche de deux de ses trois Groupes 1 signés dans la péninsule. « Une ligne qui parle » dirait-on en langage turfiste et qui donnait à Mystic Sonato une des meilleures chances au départ du Prix Abel Bassigny où ce « bon cheval, qui a beaucoup de vitesse », dixit son mentor, anime les débats, puis accélère franchement au début de la ligne droite, s’assurant un net avantage avant de contenir le rush de Maître Jacques, le lauréat du Prix Comte Pierre de Montesson. Un bel objectif atteint par le poulain présenté en septembre 2023 sur notre ring par le Haras de la Volue pour le compte de M. Armin Koller et qui fit tomber le marteau à 24 000 €.   

Mystic Sonato appartient à la huitième production de Village Mystic, lequel s’avère un brillant continuateur de Love You et de ses fameux aïeux Coktail Jet et Fakir du Vivier, ce dernier figurant aussi dans l’origine de la mère du lauréat du Prix de Sélection 2013, Netchka d’Orgères. Et si cette Netchka d’Orgères est également la génitrice des gagnants et/ou placés de Groupe 2 Bodeguita (d’où Mindelo, placé Gr.2), El Villagio et Face Time, ainsi que la grand-mère d’Inferno Piper, placé classique comptant 11 victoires en 27 sorties, son fils le plus titré s’est lui fait remarquer d’entrée au haras avec les Eight of the Storm, 1^er du Prix d’Essai et de trois semi-classiques, Égao Jenilou, gagnant de Groupe 3, et Écureuil Jenilou, à l’honneur dans six Groupes 3 et deux Groupes 2. Plus récemment, Village Mystic a notamment procréé Hanna des Molles (Critérium des 3 Ans, Prix Bilibili, de l’Île-de-France, des Centaures) et Lovino Bello (Critérium des 3 Ans, Prix Ready Cash), ainsi que Iguski Sautonne, tombeur de Go on Boy dans le Prix de l’Atlantique 2025.

Quant à la mère de Mystic Sonato, Sonate de Bomo, elle a pour père Memphis du Rib. Gagnant des Critériums des 3 Ans et des 4 Ans ainsi que du Prix de l’Étoile, ce dernier, né de l’union d’Elvis de Rossignol (fils du multiple « tête de liste » Sancho Pança et d’une jument Standardbred) et d’une fille de Képi Vert se rattachant à la fameuse souche maternelle de Queifingusse, présente un retour 3×3 sur le grand géniteur Chambon P, fils de l’illustre Kerjacques, le grand-père, via la célèbre Ua Uka, de Fakir du Vivier cité plus haut. D’où, chez Mystic Sonato, un inbreeding croisé 7x7x6x6 sur le chef de race Kerjacques. Tandis que la séquence de pères de mères de Mystic Sonato se prolonge avec un trio de reproducteurs de premier plan composé de Buvetier d’Aunou (d’où un retour 5×4 sur la grande matronne de l’Élevage Dubois Nesmile, génitrice de celui-ci et 3^e mère de Love You via Amour d’Aunou), Quioco et Pacha Grandchamp.

Et la lignée maternelle à laquelle appartient Sonate de Bomo est de grande qualité. Ainsi, sa mère Good Lady (1994), fille de La Datcha (1977, trois fois à l’honneur à Vincennes à 4 ans), est aussi notamment la bisaïeule de Inferna de Houelle (239 K€), quadruple lauréate francilienne. Quant à sa 3^e mère, la talentueuse Capri (1968 – Prix d’Europe, de Buenos-Aires, de la Marne, de Bretagne), elle a tracé, ayant signé, outre les mâles Nasko, Ovni et Un Caprice, lauréats dans le temple du trot, la bonne Quaprika. Six fois victorieuse en région parisienne, celle-ci est également la génitrice d’Escapade, gagnante de Groupe 3, et de l’étalon Hermès de Péricard (4 victoires Gr.2, 2^e du Prix de l’Étoile) ; la grand-mère des frères et sœur utérins Caïman du Citrus, Émeraude de Magny et Hérode du Corta, lesquels ont pris un gros demi-million d’allocations ; et la bisaïeule de Goal Star (2^e et 3^e d’étapes du GNT 2024, 439 K€). Par ailleurs, une autre fille de Capri nommée Pimprenelle a laissé au Stud Vice Versa (13 succès de 3 à 7 ans dont 9 en région parisienne) et est l’aïeule de Mage de Clerlande, Toi de Clerlande, Vittoria Shan, Felli Eleven, Galéo d’Amaro et Hélite Eleven, sujets totalisant chacun entre 170 K et 210 K€. Une liste à laquelle il faut ajouter, via Vigie, gagnante sur le mâchefer parisien, un élément né de deux Trotteurs Français mais inscrit au livre généalogique allemand : King of the World, titulaire de28 succès dont 4 en France, 3 à Vincennes et 1 à Pornichet dans un Quinté+.

À Manhattan (1956 – Prix Ovidius Naso), mère de Capri, se rattachent aussi notamment, via ses autres filles, Héros du Cadran (2^e du Prix Paul Karle et du Prix Kalman Hunyady en Autriche), le classique Rhum de Busset (3 accessits Gr.2, 5^e du Critérium des 3 Ans), Chopin des Lices (2 victoires et 9 accessits Gr.2), ainsi qu’une demi-douzaine d’autres trotteurs au capital-gains supérieur à 200 K€). Et au rang suivant vient Dany IV (1947), auteure également de Lafayette V (Prix Ovide Moulinet, 3^e du Prix de Sélection), la mère de Jet de Prapin (Prix de la Marne, de Stockholm…) ; la grand-mère du gagnant du Prix de Paris 1986, Fleuronné ; la bisaïeule du crack monté Alpha Barbés, vingt-deux fois victorieux à Vincennes avec à son actif les classiques Prix du Président de la République, des Centaures, de Normandie et des Élites ; et la trisaïeule de Volga Brillouard, gagnante de l’étape rémoise du GNT 1993 et titulaire de 2 accessits semi-classiques. Une Dany IV que l’on trouve aussi dans la ligne basse du pedigree d’Une Sérénade, multiple placée de Groupe 2 ou 3.

Quant à Thaïs V (1919, Prix Bayadère et Hémine, 3^e du « Président »), arrière-grand-mère de Dany IV, c’est une propre sœur de Reynolds V, vainqueur du Prix d’Amérique 1922, et d’elle descend notamment l’exceptionnelle Bahama, jument au palmarès riche de 8 Groupes 1 et devenue une véritable matrone représentée au haut niveau ces dernières saisons par le champion Dollar Macker (Prix des Centaures, des Élites et 4 accessits classiques) et son propre frère It’s a Dollarmaker (2 victoires Gr.2, 3e du Critérium des 5 Ans), par Greenpeace (Prix Une de Mai) et sa fille Misty Green (Prix Hémine), ainsi que par Love Letter, placée de Groupe 2. Et la même Thaïs V est aussi la 3^e mère de Pépite (Prix de l’Étoile) et l’une des ascendantes, en ligne basse, de l’étalon Baccarat du Pont, vainqueur de Quintés devenu auteur de plusieurs trotteurs classiques, et de la polyvalente championne Bahia Quesnot (Gran Premio Royal Mares del Trotto, Prix de Cornulier, 3 fois 2^e de Groupe 1 à l’étranger).

Mais revenons à Sonate de Bomo elle-même, qui, qualifiée en 1’19’’1 à Grosbois, à 3 ans, s’adjugea s’emblée, sous la coupe de Jörgen Westholm, deux premiers accessits en Suède, enchaîna par une victoire à La Capelle, puis se classa 4^e à Paris. Ce avant d’intégrer, au printemps suivant, via une vente publique, l’effectif de l’entraîneur suisse André Humbert sous la coupe duquel elle s’imposa à deux reprises sur la neige Saint-Moritz en février de ses 6 ans. Placée par la suite sous la férule de Philippe Besson, elle se révéla une méritante jument d’âge. Ainsi, du 3 mai de ses 7 ans au 4 mars de ses 11 ans, elle glana, outre une douzaine d’accessits, sept nouveaux succès au delà des Alpes, tous à Avenches, dont cinq avec à son sulky son propriétaire l’amateur Armin Koller. C’est d’ailleurs avec celui-ci et sur l’hippodrome phare helvétique qu’elle établit son record de 1’13’’9 sur le mile, départ à l’autostart, à l’occasion d’une deuxième place. Et au final, c’est avec un pactole s’élevant à plus de 130 000 euros qu’elle quitta la compétition.

Une carrière sportive bien remplie et rapidement suivie d’une maternité puisque, dès le 30 avril de ses 12 ans, Sonate de Bomo mit bas, en Mayenne, d’un « I ». Avec cependant comme naisseur déclaré Armin Koller. Ce premier produit, signé Un Amour d’Haufor, se qualifia à Grosbois en 1’19’’9, à 2 ans, mais, victime de problèmes de santé, n’a plus été revu. Au contraire du deuxième, Joenato Dark, fils de Briac Dark qui a été admis en 1’17’’9 à 3 ans, à Avenches, site où il a vaincu à deux reprises et enregistré dix de ses douze accessits, dont une 3^e place dans le Grand Prix des 4 Ans. Puis, après la venue d’un « K » resté dans l’anonymat et une année blanche, est né Mystic Sonato dont le cadet, Nelson Voltigeur (Voltigeur de Myrt), adjugé 15 000 € à Giuseppe Russo l’automne dernier à la Prairie, s’est ouvert les portes de la compétition à Feurs le 27 juin, en 1’19’’1, à 1/10 de seconde du meilleur temps réalisé par un 2 ans lors d’une séance au cours de laquelle ont été reçus 17 sujets sur les 40 présentés. Tandis qu’à nouveau mariée ce printemps à Village Mystic, Sonate de Bomo donnera en 2026 un propre frère ou une propre sœur de Mystic Sonato.