Titulaire, après une qualification en 1’17″5 à l’âge de 2 ans, de dix succès sous la coupe de Sébastien Guarato, il est passé sous l’entraînement de Jean-Michel Bazire début 2018. Depuis, en dix-neuf sorties, Cleangame n’a jamais terminé en dehors du podium, montant même encore à seize reprises sur la plus haute marche. Pleins feux sur le remarquable papier de ce cheval de grande classe.
En s’imposant magnifiquement le 20 juillet dans le Prix de Buenos-Aires où il s’élançait au troisième échelon, Cleangame a, en l’occasion, doublé la mise dans le marathon d’Enghien qu’il avait remporté l’an passé aux dépens de l’excellent Tony Gio, tombeur de l’infortuné Aubrion du Gers dans le Prix Chambon P en juin dernier à Vincennes. Au cours de l’hiver, le trotteur métronome a également montré de belles dispositions dans le domaine de la vitesse. Ainsi, dans le convoité Prix du Luxembourg, il devançait nettement Cash Gamble et un certain Dijon, couronné ensuite fin mai dans le fameux Elitloppet. Et comme le lauréat du circuit du Grand National du Trot 2018 a vaincu globalement sur treize hippodromes différents, c’est dire l’aptitude à tous les terrains de… jeu que possède le hongre fils d’Ouragan de Celland.
Un Ouragan de Celland de pointure semi-classique, niveau auquel lui barra la voix du succès dans le Prix Ovide Moulinet, à l’âge de 5 ans, le seul Offshore Dream tout auréolé de sa victoire dans le Prix d’Amérique 2007. Bien né, Ouragan de Celland l’est puisque fruit de l’union de Goetmals Wood et d’une jument par Workaholic et une fille de Kerjacques et de la talentueuse compétitrice Sirène du Mesnil, gagnante, en 1969, de l’Elite Rennen à Gelsenkirchen et à Enghien du Prix d’Europe (aujourd’hui Prix Jean-Luc Lagardère). Au haras, outre avec Vabellino (Critérium des 5 Ans), l’étalon de l’Écurie Daidou s’est particulièrement distingué à travers la génération ayant vu le jour au printemps 2012 puisque également l’auteur de Cyprien des Bordes (Prix des Élites) et du quadruple vainqueur de Groupe III et polyvalent Ceylan Dairpet.
Concernant Red Bell, la génitrice de Cleangame, c’est au terme d’un feuilleton rocambolesque que Alain Beaumont récupéra au sein de son élevage cette pouliche qu’il avait fait naître après avoir acheté sa mère, la classique Danaë Grandchamp (3e du Prix du Président de la République), dans l’intention de la marier à un crack dont il fut le vétérinaire attitré tout au long de sa carrière sportive, le phénoménal Jag de Bellouet. Et son union avec Ouragan de Celland fut aussi une évidence pour le manchois, repreneur en septembre 2013 du Haras de Vire (ex-centre technique de France Haras) auquel l’étalon allait être confié une année sur deux.
Il y a donc un côté feeling voire sentimental dans l’histoire de Cleangame, mais pas uniquement car son papier maternel regorge également de sérieuses références. Ainsi, si Danaë Granchamp prouva de gros moyens en compétition, sa seconde carrière s’est également avérée brillante. En effet, outre Red Bell, le Stud-Book lui doit entre autres Lady Danaë, d’où Voile Marine (131 K€), le multiple vainqueur parisien Millenium (307 K€), la gagnante de Groupe II Nippy Girl (431 K€), à la base de Caesar Face (106 K€) et du scandinave Rajesh Face (217 K), et encore Souvola, la génitrice du bon Bolt (312 K€). Et si, après avoir noté que Moselle, la troisième mère de Danaë Grandchamp, est une sœur utérine de Pont l’Évêque (Critériums des 4 Ans et Continental), on creuse un peu plus profondément dans la généalogie du champion de Jean-Michel Rancoule et Jean-Pascal Bragato, on trouve dans la descendance de sa 8e mère, une certaine Tripolette (1919), de belles pointures. Tels Handicapeur (Prix du Président de la République), Isn’t It Pacha (Prix Étain Royal, Groupe I suédois) et Kalmie Melody, laquelle, dauphine de sa compagne d’écurie, la « bombe » Kiss Melody, dans un Groupe II, est devenue l’auteure de Joke Face, gagnant du Derby suédois des 4 Ans en 2010. Quant au pedigree strict de Cleangame, il est à noter qu’il ne dévoile aucun retour croisé à cinq rangs. Comme quoi, l’outcrossing peut, à l’image de l’inbreeding, être un outil fabricant de talents. À la condition essentielle que l’on marie la qualité à la qualité.