Elle a vu le jour le 7 avril 2020 alors que son naisseur principal, le regretté Alain Beaumont, se battait contre la maladie qui allait malheureusement l’emporter quatre mois plus tard. En faisant sien le semi-classique Prix Philippe du Rozier début décembre à Vincennes, Keengame rend à son tour, après son aîné Cleangame, un bel hommage au passionné éleveur fidèle de nos ventes caennaises, vétérinaire de son état, à Gavray-sur-Sienne, dans la Manche.
Qualifiée en mars de ses 3 ans sur l’hippodrome de la Prairie dans la réduction de 1’15 »6 et alors doublement étoilée par l’envoyé spécial de l’hebdo Province Courses, Keengame a effectué son début de carrière sous la férule de Tomas Malmqvist, signant quatre succès au cours de ses neuf premières sorties, toutes effectuées à l’attelage, spécialité où elle montra aussi à plusieurs reprises de la susceptibilité. Ce qui fut encore deux fois le cas, à nouveau au sulky puis au monté, lorsqu’elle passa au printemps sous la coupe de Jean-Philippe Monclin pour le compte duquel elle allait ensuite s’imposer avec brio sous la selle à Vincennes, le 21 juin. Puis, toujours ferrée des quatre pieds, elle rééditait en patronne en juillet à Enghien et prenait, en août, un second accessit sur la même piste, dans une Course Européenne ouverte aux 4 et 5 ans. Ce avant de se voir accorder un break de deux mois et de conclure à l’automne, déferrée des postérieurs, deux fois troisième face à des mâles et hongres de qualité. Des performances préparatoires à un premier essai parmi l’élite. Un essai réalisé dans la configuration « PADP » et synonyme de coup de maître, précédant à l’arrivée du Groupe II Prix Philippe du Rozier, en 1’11 »8 sur 2.175 mètres Grande Piste, la double lauréate semi-classique et deuxième du Prix du Président de la République Kelly de Banville.
Achetée foal, le 13 octobre 2020, par l’Écurie Hunter Valley qui, en l’occasion, investissait dans un sujet de la première production de l’étalon maison Express Jet, Keengame, fille de Red Bell, est une sœur utérine de Cleangame (lui aussi acquis sur la place caennaise), le croisement dont elle est née étant proche de celui ayant donné son glorieux aîné puisque Express Jet est un fils de Goetmals Wood, à l’image d’Ouragan de Celland, l’auteur du fameux hongre précité.
Ce tandis que le mariage d’Express Jet, arrière-petit-fils de la matrone Élite d’Atout (une fille de Sugarcane Hanover aïeule aussi entre autres d’un certain Horsy Dream, petit-fils de… Goetmals Wood via Scipion du Goutier), avec une descendante en lignée mâle directe de Viking’s Way a engendré également la championne Kana de Beylev. Celle-ci est en effet issue d’une fille de Ready Cash alors que Red Bell, mère du duo Cleangame – Keengame, appartient à la production de Jag de Bellouet (crack sur lequel veilla tout au long de sa riche carrière… Alain Beaumont), tout comme d’ailleurs la génitrice de l’excellent Gaspar de Brion, fils de Singalo et donc petit-fils de Goetmals Wood.
Un Goetmals Wood qui, plus généralement, constitue l’un des piliers de notre stud-book puisque cité à six reprises dans le top 3 des sires Trotteur Français de 2007 à 2013, et depuis premier dauphin de Coktail Jet au classement des pères de mères de 2017 à 2021 avant de ravir la couronne au susnommé lors des exercices 2022, 2023 et 2024.
Quant à la branche maternelle partant de Bidassoa (Kairos – 1945) dont est issue l’héroïne de cette rubrique et se rattachant à la riche famille de Rigolette (1860), par Coleraine, demi-sang anglais, outre Cleangame, on peut aussi notamment en extraire Pont l’Évêque, fils de la jument souche, lauréat de deux Critériums, et plus près de nous Danae Grandchamp, troisième du Prix du Président de la République 1995, mère de Red Bell, mais aussi de Nippy Girl, gagnante de deux Groupes II (Prix Guy Deloison et Marcel Laurent) et génitrice du suédois Rajesh Face, troisième des Groupes I Grand Prix d’Oslo et Ulf Thoresen Grand International en Norvège.